#Légumes : Le Champ de la Chouette : Laure et Charles-Henri Challier

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Tirepied
Charles-Henri est installé en maraîchage biologique à Tirepied depuis 2017, Laure le rejoint en 2019. Nous avons fait leur rencontre, ainsi que celle d'Ullan, leur jument.

La traction animale
Charles-Henri reprend la ferme familiale, et quand Laure le rejoint, une opportunité lui permet de concrétiser avec un projet qui lui tient à cœur : utiliser la traction animale. Cela fait maintenant deux ans qu’Ullan, leur jument de race Percheron, les aide aux travaux de la ferme notamment pour le butage et le binage. « Elle passe à des endroits où il est difficile de travailler avec un tracteur : sur les terrains en pente ou sous serre » indique Laure. Autre avantage : le cheval ne tasse pas la terre sur son passage. « On peut aussi passer sur les cultures à un stade plus avancé sans les abîmer. Le tout sans bruit et sans pétrole ! ».
L'Homme et l'animal
Travailler avec Ullan est un vrai travail d’équipe. « Elle ressent toutes nos émotions». La jument est guidée grâce à des brides et grâce à la voix. « A gauche ! » et Ullan fait un pas sur la gauche. Pour en arriver-là, plusieurs mois de pratique ont été nécessaires pour que chacun prenne ses marques. « Ullan a un caractère assez placide » précise Laure.

Introduire la biodiversité sur la ferme
Les légumes du « Champ de la Chouette » sont cultivés sous 1500 m2 de
serres (abris non chauffés, cela va sans dire !), et un hectare en plein
champ. Autour des parcelles, Charles-Henri et Laure ont replanté des
haies. Elles permettent de couper du vent, diminuer l'évapotranspiration
(la plante perd moins d'eau) et limiter l’érosion des sols. Elles sont
aussi une formidable réserve de biodiversité pour la ferme. « Nous avons
privilégié des essences d’arbres qui favorisent certaines espèces
d’insectes ». C’est le cas aussi des tournesols plantés parmi les plants
de courges : ils attirent les pollinisateurs. Pour contrer les
ravageurs, Charles-Henri et Laure privilégient des méthodes
naturelles comme les rotations de culture ou la pulvérisation de savon
noir dilué.




Cultiver grâce à une sol vivant
Laure et Charles-Henri utilisent toutes les ressources à leur disposition pour améliorer la terre et favoriser la vie du sol : « Nous fabriquons notre compost végétal maison ». Sur certaines planches, de l’avoine est semée puis coupé en été pour protéger la terre : « Le sol reprend vie, des navets et radis noir seront semés en automne ». Le binage est aussi une technique pour relancer la vie du sol : « on dit qu’un binage vaut deux arrosages » précise Charles-Henri.

Le goût des tomates
En ce début du mois de juin, Charles-Henri veille sur les 15 variétés de tomates, anciennes pour la plupart, qui sont encore vertes. Certains pieds n’ont toujours pas de fruits. « Le yoyo de température a été très compliqué à gérer cette saison. Lors du gel en avril, il a fait jusqu’à -2°C dans la serre : je ne savais pas si les pieds que j’avais plantés étaient encore vivants » indique Charles-Henri. Les tomates sont plantées dans une terre bien arrosée et bien « vivante ». Le goutte à goutte est ensuite stoppé pendant un bon mois pour que le pied développe son système racinaire et aille puiser les nutriments en profondeur « C’est le secret pour une tomate qui a du goût ».
Les jeunes maraîchers n’entendent pas rester sur leurs acquis : « nous continuons à nous former, que ce soit avec Ullan ou pour favoriser la biodiversité sur la ferme ». Ils ont aussi des projets pour améliorer l’ergonomie dans leur travail, finir de monter les serres pour permettre encore plus de rotations et optimiser le système de récupération d’eau de pluie.